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Centre polyvalent pour l'éco-construction à la Plaine Saint Denis

Multipurpose center for eco-construction - Saint-Denis, France

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Projet final d'études - Final project of studies

Master 2 (Semestre 10) - Fifth year (Semester 10)

Sujet : «Centre polyvalent pour l'écoconstruction» - Le projet urbain participatif 

Topic: "Multipurpose center for ecoconstruction"

Professeurs - Teachers : B.Weber & V.Moimas

 

Durée du projet : 9 mois

Project duration: 9 months 

 

Equipe de travail :  Océane Jumel, Cosme Vallet & Valentin Million 

Work Team: Océane Jumel, Cosme Vallet & Valentin Million 

Le projet étudiant de fin d’études que nous vous présentons ci-après tente, de par sa démarche, de contribuer à la valorisation de l’écoconstruction au sein de la Région francilienne. De par les contextes pédagogiques et de production du projet (cf carnet annexé) la problématique définie fut de déterminer « comment implanter de manière plus importante les matériaux bio/géosourcés et issus du réemploi dans le bâtiment francilien et sensibiliser la société civile aux problématiques de la transition écologique ? ». 

 

Le thème et la démarche de projet mise en place, dite participative, ont visé à contextualiser la problématique définie par rapport aux spécificités du territoire choisi de la Plaine. Par la suite, la démarche, nous amenant à la rencontre d’une quarantaine d’acteurs1, nous a permis de définir les enjeux d’un tel projet, les freins et les leviers de l’écoconstruction et les dynamiques de l’écosystème d’acteurs. Tout ceci a abouti in fine à une programmation opérationnelle ainsi qu’à une offre d’activités, définissant le projet de centre polyvalent pour l’écoconstruction, aujourd’hui porté politiquement par l’ALEC de Plaine Commune, la Mairie de Saint-Denis, la Maison de Quartier de la Plaine et par Plaine Commune. 

“PENSER GLOBAL POUR AGIR LOCAL” 

La démarche étant fondée à la fois sur une approche globale (définition des enjeux de la transition énergétique dans la rénovation du bâti) et sur une approche locale (diagnostic du territoire d’implantation et définition de ces besoins), elle tient dans la formule de René Dubos, « penser global pour agir local ». Dans ce sens, notre enjeu global porte sur la transition énergétique dans la rénovation urbaine, tant dans le déploiement de bâtiments à énergie positive que dans la généralisation de la prise en compte de l’empreinte carbone des bâtiments - dans le prolongement de l’expérimentation E+C- de l’Ademe. Les solutions possibles répondant à cet enjeu étant multiples, nous le traitons par le prisme de la ressource : valoriser le réemploi des matériaux (potentiels importants mis en avant par la démarche Métabolisme urbain de Plaine Commune) et en parallèle, valoriser l’usage de matériaux biosourcés et géosourcés (potentiels franciliens importants mis en avant par l’étude Terracrea2 de 2014).

Sur le territoire étudié, au regard du nombre important de projets d’aménagement et de périmètres de rénovation urbaine existants sur Plaine Commune et à ses abords, la transition énergétique dans le bâti semble incontournable pour ce territoire. Les échanges réalisés avec l’ensemble de l’écosystème d’acteurs (public, privé et associatif - liés ou non à l’écoconstruction) et la compilation de l’ensemble de leurs points de vue, nous ont permis de définir les différents freins et leviers au développement de ces filières sur le territoire francilien. Dans le cadre de ce projet de fin d’études, nous nous sommes concentrés sur deux freins spécifiques : la formation des acteurs professionnels du bâtiment et le manque de culture du grand public liée à l’écoconstruction. 

D’autre part, au niveau local, le diagnostic de la Plaine montre son caractère de fort renouvellement urbain et d’expérimentation urbaine. Lié à l’aménagement du chemin de fer de la Plaine à partir de 1870, puis à sa disparition en 1993 suite à la désindustrialisation de Paris, ce territoire voit aujourd’hui son patrimoine industriel et ferroviaire en pleine mutation et être inscrit dans une politique de grand projet d’aménagement avec notamment l’arrivée prochaine du Campus Condorcet (répondant à l’objectif du PLU d’inscrire le Savoir comme élément de récit urbain de la Plaine), et l’aménagement prochain des équipements olympiques sur le territoire de Plaine Commune en biocourcés et en réemploi (définissant ce territoire comme le principal laboratoire urbain de l’écoconstruction). Du point de vue social, les différentes réunions publiques, les ateliers de concertation et nos entretiens ont montré le manque conséquent d’offre d’activités (économiques ou non) pour les habitants. Parmis le panel de besoins exprimés, quatre éléments ressortirent pouvant être articulés avec les enjeux globaux exprimés précédemment : le manque d’espaces associatifs, de places de crèche, d’espaces de rencontre intergénérationel sous la forme d’espace public intérieur, extérieur, d’espace de coworking, et plus globalement la mise en place de démarche participative leur permettant de concevoir collectivement leur quartier. 

TRAVAIL DE COPROGRAMMATION 

Ainsi, de ces différentes rencontres avec l’écosystème d’acteurs, une ambition de programmation a vu le jour. Si projet il y a, celui-ci devra : être une référence nationale de la rénovation urbaine durable, être expérimental quant à la conception et aux usages, être facilement appropriable par le grand public grâce aux outils participatifs mis en oeuvre et aux ressources pédagogiques mises à disposition, être urbain par l’impact positif de développement du quartier dans lequel il s’implante, et enfin être métropolitain en tant que lieu ressource pour les professionnels et les habitants du Grand Paris. 

En se concentrant sur la levée des deux freins évoqués précédemment, un travail de définition des besoins de programmation et de leurs réponses possibles, a été réalisé. Concernant la professionnalisation des acteurs du bâtiment, le principal besoin exprimé fut celui de la mise à disposition d’un plateau technique pour les différents acteurs de la formation (longue pour les ouvriers et les entreprises, courtes pour les maîtrises d’oeuvre, à distance type mooc, et formations expérimentales pour les entreprises de R&D). Le second besoin lié à la sensibilisation des habitants de la Plaine doit permettre la mise à disposition d’espaces pour les associations, d’espaces d’échanges type café-débat ou forum, et d’espaces de rencontre répondant aux besoins du territoire exprimés par les habitants. Enfin, le troisième besoin lié au pôle de ressources métropolitain doit permettre tant aux professionnels qu’au grand public d’avoir accès à l’ensemble des informations sur l’écoconstruction, sous forme de bibliothèque, matériauthèque ou point info énergie. 

De ce double travail de définition des ambitions et des besoins, une programmation opérationnelle a été développée, permettant de la penser à l’échelle globale pour une vie locale. Celle-ci met en avant l’intérêt pour le pôle formation et ressources des programmes de bibliothèque, matériauthèque et plateau technique, et pour le pôle de sensibilisation des programmes de salon des échanges, de crèche coopérative, de bricothèque, de café-boutique et de coopérative associative. Les programmes de pépinière d’entreprise, de Fablab, d’amphithéâtre et de dortoir existants d’ores et déjà sur le territoire, leur externalisation permet de mettre en interaction divers acteurs de la Plaine autour du centre polyvalent pour l’écoconstruction. 

Si le travail de projet, selon une démarche participative, a eu pour objectif jusqu’à ce point de réaliser un diagnostic précis et concret des filières de l’écoconstruction et du territoire pouvant accueillir un tel équipement, la conception du projet architectural de ce dernier est quant à elle purement prospective. Il s’agit d’un démonstrateur urbain mettant en avant les potentiels du site et du territoire. Dans ce sens, au regard du diagnostic urbain, notre choix s’est porté sur la rénovation urbaine de la ZAC Nozal-Front Populaire et plus particulièrement sur l’îlot bordé par l’avenue de la Métallurgie, et la rue de l’encyclopédie. 

Hormis le fait que l’îlot soit proche de nombreux équipements de quartier et que des potentiels de rénovation urbaine et d’urbanisme transitoire aient été identifié, nous nous sommes concentrés sur l’implantation du centre polyvalent pour l’écoconstruction au sein de l’une des halles désaffectées (possédées par AB Production), jouxtant le terrain en friche donnant sur le Marché Nozal et inscrit au PLU comme à valoriser en espace public. Ces deux espaces constituent ainsi notre périmètre opérationnel. Or, au regard des temporalités longues de projet – puisque rien ne devrait démarrer avant 6 ans – nous avons également interrogé le processus permettant l’implantation de l’équipement. Un processus classique de projet ayant des temporalités longues, celui-ci ne fabrique aucune urbanité durant son temps de conception et de construction. Les enjeux contemporains de la ville étant complexes et très évolutifs, il est à présent nécessaire de considérer la manière de faire comme un élément consubstantiel du contenu. Ainsi, le fait de permettre aux riverains de prendre part à l’expérimentation et de faire interagir les acteurs de la Plaine, permet de prendre en compte l’évolution des besoins et d’essaimer l’écoconstruction dans la rénovation urbaine du territoire. De manière synthétique, la stratégie de programmation urbaine imaginée met en avant l’intérêt de démarrer le processus par : un temps de chantier participatif pilote – expérimentant les activités de l’espace public et du centre polyvalent, puis la mise en oeuvre et la mise en activité du centre de façon synchronisé – permettant d’avoir des temps de chantier de coconstruction avec les habitants, et enfin de considérer le centre polyvalent comme étant le point d’entrée de la rénovation de la ZAC en formant les ouvriers à l’écoconstruction et en hébergeant les ateliers de coprogrammation de la rénovation urbaine. Pour l’ensemble de cette stratégie, les questions de modèle de gouvernance, de budget d’investissement et de fonctionnement furent traitées (cf carnet annexé). Cependant, dans le cadre de ce diplôme universitaire, n’ayant ni le temps ni les moyens de réaliser par nous-même les missions de chantier participatif et de coprogrammation urbaine, nous avons fait le choix de partir des résultats de nos échanges, de nos recherches et des réunions publiques afin de définir un exemple d’offre d’activités et d’esquisser un projet architectural de centre polyvalent pour l’écoconstruction. 

LA RENCONTRE COMME PHILOSOPHIE DE PROJET 

Nous avons pensé la vie du centre polyvalent comme non figée en le définissant d’après son offre d’activités. Même si le détail des activités est donné dans le carnet annexé nous pouvons noter, pour le pôle formation et ressources, que le plateau technique est imaginé pouvant accueillir des activités de formations théoriques et pratiques, des workshop régionaux, nationaux, voire internationaux, des temps de coworking pour les entreprises du bâtiment, des spectacles et concerts destinés aux habitants et des événements publics liés à l’écologie. La bibliothèque et la matériauthèque sont-elles imaginées permettant des activités d’emprunts et de consultation d’ouvrages sur l’écoconstruction, de visite pour les professionnels et les particuliers, l’organisation d’ateliers de lecture et d’ateliers pédagogiques pour les enfants des écoles du quartier et de la métropole, et d’événements de sensibilisation gérés par les associations locales. La matériauthèque est également imaginée selon 4 thématiques principales, organisant l’espace central du Centre. 1/ Qu’est-ce que l’écoconstruction ? 2/ Quel confort intérieur apporte l’écoconstruction ? 3/ Comment construire en bio/géosourcés ? 4/ Comment gérer plus durablement mon espace de vie ? Les autres programmes répondent tous à la prérogative de la polyvalence des activités et ont également été pensé à chaque fois comme générant des moments de rencontre entre les visiteurs du centre (cf carnet annexé). 

Sur la base de ce travail d’offre d’activités, un second travail de définition des niveaux d’accessibilité, des critères d’ambiances architecturales, et des relations des programmes au contexte spatial environnant a été réalisé et a permis de mettre en exergue le besoin de créer une extension neuve en relation avec le contexte environnant. De part le manque identifié d’interactions entre les acteurs de l’écoconstruction et du manque d’espaces de rencontre sur la Plaine, nous faisons le choix de considérer la rencontre comme la philosophie devant transcender le projet architectural de ce Centre. Pour cela, nous considérons que les trois outils architecturaux la traduisant sont : rassembler, croiser et s’ouvrir. Sur ce principe nous développons l’idée de croiser la halle existante à rénover avec le projet d’extension (orienté vers le marché), afin de développer à leur intersection un espace central dédié à la matériauthèque et d’implanter autour le reste des programmes, s’ouvrant vers les différents espaces publics bordant le Centre. En termes de volumétrie, le fait que l’extension reprenne la volumétrie de la halle existante a pour objectif de créer un dialogue avec la partie à rénover mais aussi afin d’évoquer la forme iconique de l’habitat. Et le biosourcé dans tout ça ? Si nous valorisons le réemploi des murs en brique et en béton, nous valorisons également le biosourcé par leur emploi pour l’isolation des murs (bois/paille et béton de miscanthus) et des toitures (laine de coton), la structure nouvelle (laméllé-collé), les revêtements et isolation de sols (linoleum naturel et béton de chanvre), les isolations des parois intérieures (fibre de bois) et les revêtements de façade extérieure (bardage bois, tuile de bois, enduit terre) - (cf carnet annexé). 

CONCLUSION 

A l’issu de ces 9 mois de projet de fin d’études, la démarche participative mise en place nous a permis d’expérimenter la faisabilité d’implantation d’un tel démonstrateur de la fabrique de la ville durable au coeur de la Plaine Saint-Denis et sommes finalement arrivés à la possibilité d’un portage concret du projet par les acteurs institutionnels rencontrés que sont l’ALEC (Michaël Evrard), la maison de quartier de la Plaine (Martin Rault), la Mairie de Saint-Denis et Plaine Commune (Patrick Vassallo). 

Ce n’est finalement pas tant le résultat architectural, soutenu début juillet, qui contribue à notre objectif initial de contribuer à la valorisation de l’écoconstruction, mais davantage la mise en relation des acteurs entre eux, à l’occasion des divers entretiens réalisés et de l’organisation de deux ateliers de concertation, notamment celui avec les représentants des filières biosourcées et géosourcées et la chef de projet Métabolisme urbain à Plaine Commune. 

© 2020 par Océane JUMEL. 

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